Le Critique Intérieur
Par Véronique Brard, psychothérapeute
Qu’est-ce qui fait de vous, amis de la Terre,
ces boules de souffrance en épuisante errance au fil des Âges ?
Le critique intérieur est celui qui inlassablement a tenté - et tente - de nous adapter à notre environnement. Si ni l'agressivité ni la vulnérabilité n'étaient de mise dans notre famille, c'est « grâce » à lui et à quelques uns de ses alliés que nous avons commencé à nous penser dramatiquement coupables dès que l'un ou l'autre sortait le bout de son nez.
Si vous avez lu les ouvrages d’Hal et Sidra Stone vous connaissez déjà un peu votre critique intérieur ; je vais reprendre, dans cet article, les principaux éléments à avoir en tête lorsqu'il s'agit de commencer à ne plus être sous la coupe de ce remarquable pourfendeur du bonheur.
Importance du critique intérieur
Le Critique est un schéma d'énergie qui nous rend malheureux, nous paralyse, nous rend impuissants, nous empêche de vivre normalement, de sortir, de parler, d'exprimer notre créativité. Il est une source permanente de honte, de manque d'estime de soi, de malaises, de craintes, de projections difficiles. Il voit tout, repère tout, juge tout avec une vigilance sans faille. Il transforme un acte banal, tout comme une pulsion normale, en crime contre l'humanité et peut mener à la dépression ou à la prostration. De nombreuses maladies ont pour origine un Critique non reconnu et omniprésent. Un blanc, un brusque sentiment d'absence, le manque de confiance en ses capacités, un manque d'objectifs, voire un manque de sens sont souvent nourris par de fortes critiques intérieures.
Le rôle du Critique est en permanence de nous évaluer en fonction des critères de notre environnement présent, passé, voire même d'un futur qu'il imagine.
Si nous ne savons pas l'identifier, nous séparer de lui, et prendre soin de ses peurs, il peut gâcher notre vie, nous briser, détruire nos relations et bien sûr... nous le reprocher.
Il nous mitraille sans cesse de ses avis, ses suggestions, ses déceptions par rapport à ces normes. Pourtant, au début du moins, nous ne le reconnaissons pas. Loin de le repérer, nous avons confiance en lui ! Nous pensons qu'il dit la vérité sur nous et sur les autres. Nous pensons très souvent qu’il est nous... Le Critique devient le détenteur de la vérité absolue, parfois nous confondons sa parole avec celle de Dieu-le-Père. Or, même s'il a une voix péremptoire, même s'il semble très sûr de lui, il n'est rien d'autre que lui-même : un schéma d’énergie particulier, une vibration extrêmement reconnaissable : le Critique !
Si nous ne sommes pas vigilants, il paralyse l'énergie d’Être comme celle d'Aphrodite, c'est-à-dire aussi bien le plaisir d’être au monde, la joie de vivre, de partager, d'être ensemble, que notre capacité à connaître le monde intérieur. ll détruit l'intimité, l'amour, le sens de soi, tout ce qui a trait à notre spontanéité et à notre créativité. Ce n'est pas un amant, c'est un bavard ! La connaissance du coeur lui est terra incognita. Il détruit les couples, les familles, les groupes, les communautés, enferme et terrorise notre Enfant Intérieur.
Il se manifeste de cent façons différentes. Il a tout un arsenal de masques derrière lesquels se cacher. Il utilise tous les déguisements, toutes les théories, tout ce que nous apprenons. Il est holistique dans son approche. Il commentera avec un égal dégoût nos défauts physiques, émotionnels, psychiques ou spirituels. Si on le repère dans un domaine, il disparaît pour mieux réapparaître dans un autre. Rien n'échappe à son œil d'aigle. Infatigable, il n'abandonne jamais : il veut nous améliorer pour que nous soyons en sécurité. « Change » est sa perpétuelle requête.
Radio-Folie
Le Critique est une subpersonnalité universelle. Hal et Sida Stone l'ont nommé Radio-Folie. Savoir débrancher Radio-folie est un art. Pour commencer, il nous faut entendre cette musique de fond, devenue si habituelle, que généralement nous ne la captons plus. Ce n'est pas ce dont il parle qui est le problème : il est le problème. Il est impossible de le rejeter ou de l'ignorer, imprudent de le nier, impossible de le satisfaire.
Il est possible de le connaître, le comprendre, le rassurer, et surtout de s’en séparer. Il est un signal : comme tous les signaux, nous devons le respecter et agir, non l'écouter passivement.
Ses évaluations permanentes sont un frein à la créativité.
Ses évaluations permanentes détruisent l'amour.
Ses évaluations et comparaisons permanentes paralysent la vie.
Devenir conscient de sa présence
Entendre sa petite musique de jour et de nuit (il adore venir la nuit ou au petit matin) est le premier pas. Il compare, il juge, il évalue, il vous fait honte. Branchez-vous sur Radio-Critique, faites mieux : donnez lui volontairement la parole !
Ayez le courage de l'écouter parler de vous et des autres. Regardez la journée d'hier, pensez à cinq points commençant par : « Tu aurais dû... , Tu n'aurais pas dû... ». Pensez à votre corps, à tout ce qui ne va pas avec lui. Pensez à votre personnalité, à tout ce qu'il vous faudrait faire pour « l'améliorer ». Terminez toutes les phrases possibles commençant par : « Le problème avec toi, c'est que... ». Laissez venir quelques comparaisons évidentes, en votre défaveur, entre vous et les autres... Le Critique compare toujours, puis il vous dit ce qui ne va pas ou ce que vous pourriez améliorer. Le résultat ? Peurs, paralysie, dépressions, phobies, angoisses, culpabilités, agressivité, irritations, colères, rages.
Apprenez à reconnaître sa voix, son vocabulaire : « L'ennui avec toi... tu aurais dû... erreur... symptôme... forcément... regarde un tel... tu devrais... pas étonnant que.... ce serait quand même mieux si... que vont penser... ». Il est l'Incomparable Comparateur, expert en tout, y compris en relations sexuelles. Il est toujours là, dans votre dos, dans votre tête, rien ne lui échappe. C'est un parfait et continuel trouble fête.
Tenez bon, écoutez ce qu'il vous dit : Que veut-il rectifier en vous ? Quelles erreurs avez-vous commises aujourd'hui ? Qu'auriez-vous pu faire mieux ? Qu'avez-vous négligé ? Qu'auriez-vous pu faire différemment ? Que devez-vous absolument changer ? Commencez-vous à le capter ?
Le Critique croit tous ceux qui vous critiquent mais ne croit personne lorsqu’il s'agit de compliments : « - C'est pour te flatter, te manipuler, parce qu'ils ne te connaissent pas vraiment, s'ils te connaissaient ou - quand ils te connaîtront - ils penseront différemment, ils seront horrifiés... ils te laisseront tomber... »
Reconnaître et nommer une «Critic attack» remet les choses à leur place. Angoisse brutale, peur qui paralyse, culpabilité, impression de désespoir, d'impuissance, de fatalité, d'épuisement, de ne rien comprendre, blanc ; ou encore, brusque agressivité, sentiment d'avoir à se défendre, d'être attaqué, nécessité de détruire l'autre ou soi-même : c'est une attaque du Critique.
L’explorer
Il existe une bonne façon de commencer à sortir le Critique de l'arrière plan d’où il nous manipule : l'explorer. En général, il existe plusieurs Critiques de tailles différentes. Les Critiques les plus « politiquement corrects » viendront en premier. Les Critiques les plus intimement liés à la personne viendront à l'improviste, au détour d'une colère ou d'un profond malaise.
Lorsque vous l’avez repéré, vous pouvez commencer par lui demander son opinion sur un peu tout... Allez dans les détails, dans la précision, faites lui « noter » toutes les parties du corps qu'il critique ou tous les aspects pas tout-à-fait « comme il faut » de vous-mêmes. Lorsqu'il se sent écouté, il aime parler. Dans un tel dialogue, vous pouvez si vous n'êtes pas totalement identifié à ses dires, délibérément le pousser jusqu'à son extrême pour explorer et mettre en évidence l'étendue de son champ d'action.
Un Critique peut absolument tout critiquer chez nous, tout ce que nous sommes, tout ce que nous faisons. Son autre visage, le Juge peut absolument tout critiquer chez les autres, tout ce qu’ils font, tout ce qu'ils sont. De toutes façons, rien ne va jamais. Le Critique peut aussi se critiquer lui-même de critiquer et se critiquer de se critiquer... à l’infini.
Une autre façon de faire sa connaissance est de devenir conscients des règles : par exemple, si l'on se juge trop égoïste, la règle implicite est qu'il faut penser aux autres. Le Critique Intérieur donne un accès direct aux règles. L'inverse est vrai, devenir conscient de ses règles revient à prendre conscience de son Critique.
D'où vient le Critique ?
Lorsque nous commençons à voir notre Critique, à nous distinguer de lui, la question se pose, d'où vient-il ?
Le Critique naît en même temps que nous, ou à peu près.... Il veille à ce que les règles de conduite de notre environnement soient respectées. Il veut nous adapter.
Lorsque nous sommes enfants - totalement vulnérables - nous cherchons à deviner et à faire ce qu'il faut pour garder, ou recevoir, l'amour de nos parents. Nous développons des parties primaires : un Contrôleur, un Gentil, un Perfectionniste, ou les trois en même temps, qui vont nous apprendre à nous conduire de façon à plaire à papa et à maman et à garder leur amour. Il est vital pour l'enfant de garder ou de gagner cet amour.
Ces parties primaires vont mettre en place un certain nombre de règles qui seront fonction des règles socioculturelles de la famille. « Ne pas crier, ne pas être méchant, ne pas être agressif, ne pas mordre la petite sœur... » Le Critique va être le gardien de ces règles. Avant que maman ne puisse critiquer notre comportement, la voix du Critique Intérieur aura déjà parlé. Le Critique veut que nous soyons aimés, que nous soyons quelqu'un de bien pour que nous puissions être heureux dans la vie. Il est le gardien des règles des subpersonnalités qui sont approuvés par notre environnement proche.
Lorsque nous commençons à l'entendre, nous pouvons, bien sûr, retrouver la voix de notre père, de notre mère ou de toutes personnes ayant eu un rôle dans notre éducation. Plus nous avons eu, dans notre enfance, un environnement critique, plus notre Critique Intérieur est développé.
Quel est le rôle du Critique ?
Cette énergie est donc particulière : c'est une subpersonnalité qui veille à ce que les règles de toute les autres subpersonnalités soient respectées.
Sa fonction première : nous protéger des critiques des autres... (!) Il veut nous épargner la honte et la souffrance. Son rôle est de nous critiquer avant que quiconque ne le fasse. Il est parfois extrêmement angoissé, presque désespéré, car il a une mission : réussir à ce que nous soyons acceptés et aimés. Il pense qu'il réussira à accomplir cette mission lorsque nous respecterons toutes les règles.
C'est ainsi que le Critique devient très rapide, vigilant, expert à détecter « tout ce qui ne va pas ». Le Critique est un chien de garde, il aboie quand les règles ne sont pas respectées.
Si l'une de nos parties dominantes est un Perfectionniste, nous n’aurons aucun espace de repos ; si vous avez changé de règles dans notre parcours de vie, il nous critiquera pour une chose et son contraire. Il gardera les anciennes règles et y ajoutera les nouvelles. Peu lui importe que ces règles soient contradictoires, son boulot n'est pas la logique, ni la cohérence, c'est de critiquer pour nous améliorer.
Sa seconde préoccupation est notre sécurité, si bien qu’il nous critiquera aussi, pour ne pas avoir développé les aptitudes qu’il nous a obligé à renier... (Par exemple, ne pas savoir nous battre ou mettre nos limites, quand, depuis notre enfance, il nous menace dès que nous sortons des règles de la gentillesse et de la tolérance).
Son rôle de départ est simple, mais le système s'est emballé, il est devenu un tyran, là où il se voulait protecteur. Un changement décisif intervient quand nous retrouvons le contact avec notre Enfant Intérieur (notre vulnérabilité) et enlevons au Critique la responsabilité du bonheur et de la sécurité de cet Enfant.
La nécessité d’équilibre
La présence du Critique nous indique toujours que quelque chose n'est pas en équilibre dans notre psyché. Lorsque nous sommes identifiés à un comportement et avons renié le comportement opposé, nous ne pouvons pas répondre tranquillement aux remarques acerbes de notre Critique. Il ne cessera alors de s'agiter et nous ne pourrons pas calmer son angoisse.
Par exemple, s’il vous reproche d’être égoïste et si, identifié à un comportement 'L'autre d'abord', vous pensez que l’égoïsme est mal, vous ne pourrez pas le calmer. Si vous êtes réconcilié avec l’égoïsme, vous pourrez lui expliquer calmement les raisons de cet égoïsme (prendre soin de soi est une nécessité) et, si vous le rassurez également sur votre capacité à être généreux, ou à penser aux autres, à d’autres moments, vous aurez une chance de le calmer.
Ainsi, la présence d'un Critique très actif nous indique que nous sommes identifiés à une façon d'être ou de penser et renions l'opposé. Le Critique n'est pas une énergie à supprimer, il nous prévient de ces déséquilibres, et du danger à être vivre ainsi sur un seul pied ; mais si nous pensons qu'il a la capacité de nous améliorer, si nous nous comptons sur lui pour nous guider, nous n'avons aucune chance de vivre heureux.
Nous pouvons avoir une autre vision
Souvent, nous ne nous différencions plus de lui or nous pouvons être différents, penser et voir différemment ! Le premier changement intervient quand il est possible de prendre de la distance par rapport à lui. Quand il est possible de le nommer et de le reconnaître ; d'entendre ses critiques sans perdre notre bon sens, notre capacité à relativiser, et surtout, notre sens de l'humour... Le sens de l'humour est un agent de changement très puissant. L'humour non agressif, sans méchanceté, peut court-circuiter et neutraliser bien des critiques !
Il est bon de s'apercevoir que, le plus souvent, il n’existe pas de règle là où il en met une ; pas de norme, là où il certifie qu’il en existe une... Lorsque nous commençons à penser : « Tout ce que dit le Critique n'est pas vrai », nous commençons à ne plus être identifié à ses avis et opinions.
Ce qui peut vraiment changer notre vie, c'est la prise de conscience des peurs qui sous-tendent les critiques. Notre Critique a peur, il est angoissé. Lorsque nous prenons ses peurs en considération, nous pouvons commencer à agir pour le rassurer.
Appliquer le principe de conversion
Vous ne pouvez pas plaire à votre Critique ! Si je lui fais confiance, c’est-à-dire si je pense que je vais m'améliorer en l'écoutant, (ou améliorer les autres en les critiquant), je perds. Avec lui, une seule façon de gagner : ne pas tenter de le satisfaire !
C'est-à-dire ne jamais nous occuper des reproches qu’il nous assène... mais toujours nous occuper de ce qui l’angoisse : nous pouvons nous occuper de ses peurs et les prendre au sérieux ; nous ne pouvons pas essayer de nous améliorer en nous basant sur ses reproches...
Trouver l’angoisse du Critique, le rassurer d’une manière ou d’une autre est ce qui permet d’inverser l’énergie critique en une énergie positive d’attention à soi. Lorsque vous entendez ses critiques, questionnez : «De quoi as-tu peur ? Que se passe-t-il pour toi quand je fais ceci ou cela ? Que puis-je faire pour que tu te sentes mieux ? Que crains-tu le plus ?» Engagez le dialogue. N'écoutez plus son monologue permanent, cherchez à découvrir son angoisse et les raisons de cette angoisse. Puis, regardez de quelle façon il vous sera éventuellement possible d'y remédier. Si nous nous occupons de lui, il cessera de s'occuper de nous.
Le Juge
Certaines personnes ne se critiquent pas mais jugent les autres et le monde en permanence. Une telle personne a aussi un Critique Intérieur extrêmement puissant et extrêmement angoissé. Critique et Juge sont les deux faces d’une même médaille.
Développer notre capacité à être impersonnel
Le Critique s'apaisera lorsque son angoisse diminuera, lorsqu’il ne se sentira plus responsable de notre vie, lorsque nous prendrons clairement la responsabilité de nos choix et de notre vie.
Devenir plus impersonnel fait partie intégrante du processus. Le Critique, en fin de compte, sous son apparence rationnelle, est absolument personnel et émotionnel ! Lorsque nous développons un réel impersonnel, lorsque l'émotion, les jugements ou la colère des autres ne nous bouleversent plus, lorsque nous ne sommes plus suspendus aux jugements des autres, notre Critique se calme. A l’opposé, lorsque notre vulnérabilité déborde et risque d’être exposée à tout un chacun, notre Critique redevient très actif.
La méconnaissance de l’Enfant Intérieur entraîne souvent une identification à cet Enfant. Cette identification à l'Enfant Vulnérable entraîne un Critique Intérieur qui tente désespérément de le protéger et, en même temps, le déteste en tant que source de tous nos maux... Accueillir et prendre soin de cet Enfant, sans pourtant nous identifier à lui, change notre vie. Découvrir en nous une partie adulte qui peut supporter la critique sans en mourir neutralise un Critique toujours sur les dents.
Souvent nous devons aussi intégrer des énergies comme : Celui qui sait poser ses limites, l'Égoïste (Celui qui sait prendre soin de lui), Celui qui a ses propres critères, le Libre-Penseur, le Léger, le Guerrier, l'Idiot, la Princesse Indulgente, l'Enfant Innocent, Celui qui n’aime pas et s'en porte bien, le Cool, le Sage, le Détaché, etc.
Transformer le Critique en allié
Nous ne pouvons pas nous débarrasser de lui, c'est notre compagnon de voyage ; sans un esprit critique, nous n’aurions aucun discernement.
Nous pouvons apprendre à nous servir de lui. Ce qui veut dire, non écouter ce qu'il dit, mais agir pour retrouver un équilibre psychique. Il signe ce déséquilibre et nous permet ainsi de le repérer. Notre chemin d'action est alors de travailler, à notre rythme, sans tension, sur la partie de nous qui peut manquer à l'appel. Ce travail est un travail de longue haleine, il faut plusieurs années pour connaître et repérer toutes les facettes d'un Critique et s'en servir pour rééquilibrer la personnalité.
Il a de grandes qualités : extrême vigilance, extrême intelligence, disponibilité sans faille, énorme vitalité, mémoire hors norme, vivacité, promptitude. Lorsque nous rééquilibrons notre personnalité, nous pouvons trouver en lui un allié qui travaillera pour nous. Il s’intègrera alors à notre Mental objectif. Cependant il ne nous est jamais définitivement acquis, en cas de déséquilibre, il déversera de nouveau ses reproches sur nous.
Conditions pour cette transformation
En tant qu'êtres humains, nous changeons plus facilement, lorsque nous sommes compris et aimés. Il en est de même pour nos Critiques. Même les Critiques les plus forts, les plus virulents, ont besoin d'attention et de compréhension pour se transformer.
Notre Critique a peur. Il veut tout faire pour que nous ne revivions pas les angoisses du passé. Pour cette raison, il est devenu un ennemi farouche de notre Enfant Intérieur. Pour lui, la vulnérabilité, les sentiments de souffrance, de honte, de terreur, sont irrévocablement associés à cet Enfant. Dans certains cas, il déteste cette vulnérabilité. Il veut que vous soyez toujours en pleine maîtrise de vous-mêmes et des situations, pour votre sécurité. Pour y réussir, bien qu’au départ il soit venu le protéger, il écrasera cet Enfant s'il le faut.... or la souffrance de l'Enfant est son principal carburant ! Vous voyez le cercle vicieux ? Nous devons avec la même patience, tolérance et compassion nous occuper de l’Enfant et du Critique.
« On analyse toujours ce qui ne va pas ; on devrait aussi vouloir comprendre ce qui va bien afin de rester dans la même force, la même analyse, garder le fil conducteur qui restitue l'être profond jusqu'à le libérer. Je le dis l'être peut se libérer sans avoir besoin de la mort, de ce passage qui effraie et devient source d'incompréhension. C'est une question d'ouverture, d'acceptation, de changement de pensées. C'est ce qui est utile dans la lecture. Tous ces livres qui ont voyagé avec moi, que j'ai lus, refermés, repris... Je voulais comprendre, alors qu'il m'aurait fallu simplement accepter que la lecture me permettait de penser différemment. À quoi sert de comprendre ce qu'on lit si l'on refuse de changer ce que l'on pense ? Se transformer : l'essentiel du travail est là et justifie toute cette recherche. (Dalida dans Rencontre avec une Étoile de Jean-Claude Genel.)
Véronique Brard, psychothérapeute, formée par Robert Stamboliev et Hal et Sidra Stone, enseigne la psychologie des subpersonnalités. Elle a traduit plusieurs ouvrages des Stone, dont Le Critique intérieur, et est l'auteur du livre La Vulnérabilité, clé des relations.